Dimanche
19 aout @ MidiLibre
La rave-party non autorisée
a failli mal tourner...
Un agriculteur lozérien,
propriétaire d'un champ envahi par environ cinq cents
"teufeurs"
a foncé dans la foule avec son tracteur pour détruire
la sonorisation d'une rave-party.
C'était hier, vers 9 heures, à Saint-Étienne-du-Valdonnez,
sur le causse de Sauveterre,
et fort heureusement le drame a été évité
: il n'y a pas eu de blessé.
Autorités, gendarmes, raveurs, mais aussi agriculteurs
membres de la Coordination Rurale
venus aider le propriétaire des lieux, en ont été
quitte pour une grande frayeur.
Tout a débuté vendredi,
quand les raveurs ont été refoulés d'Ardèche
où ils avaient, selon eux, obtenu les autorisations
nécessaires pour organiser une free party, annulées
ensuite.
« Nous ne sommes pas des porcs.
Nous avions l'accord d'un propriétaire en Ardèche.
On nous a plantés au dernier moment.
Nous sommes venus ici, pensant ne déranger personne.
Nous sommes prêts à louer ce terrain »,
expliquent les organisateurs.
Le terrain est une véritable cuvette où l'on
accède par de multiples chemins.
Des barrages de gendarmerie ont
été placés tout autour pour limiter le
flux des véhicules.
Sur les hauteurs, Jean-Michel Jumez, le secrétaire
général de la préfecture de la Lozère
est en négociation avec les "teufeurs", mais
aussi avec le porte-parole de la Coordination Rurale, Alain
Pouget,
qui demande « l'évacuation pure et simple.
Rien d'autre ! Sinon, nous les sortons de là avec les
tracteurs ».
Le ton est donné et la pression est dans le camp de
l'État.
Les autorités présentes sur les lieux demandent
au leader syndical de se calmer..
quand un message provenant d'un barrage de gendarmes annonce
qu'un tracteur est passé et arrive à grande
vitesse.
En un instant, le véhicule
est sur place.
C'est le propriétaire des lieux.
Il évite de justesse la vingtaine de personnes installée
là.
Tout s'emballe, les gendarmes crient et suivent avec leurs
véhicules.
Le tracteur s'encastre dans la sono et s'arrête.
Fort heureusement il n'ya pas de mal, mais le conducteur est
éjecté du véhicule par une cinquantaine
de personnes qui hurlent.
Les coups pleuvent.
Les gendarmes arrivent suffisamment vite pour éviter
le lynchage.
Le pare-brise du véhicule agricole est éclaté.
La tension est à son comble.
Les militaires font écran entre le secrétaire
général de la préfecture, l'agriculteur
et les raveurs.
Au bout de longues minutes, le
propriétaire des lieux est écarté et
repart sur les hauteurs.
Il reviendra une nouvelle fois à la charge, mais ce
sera Jean-Michel Jumez qui lui barrera l'accès au terrain
en se plantant devant le véhicule agricole.
« J'ai vu rouge, explique Thierry Atger, l'agriculteur.
Les gendarmes me donnaient l'impression de faire la circulation.
Ils (les raveurs) sont chez moi et n'ont rien à y foutre
tous ces cons.
J'ai foncé dans le tas sans réfléchir.
Sans penser au pire. »
Durant toute la matinée,
le secrétaire général de la préfecture,
aidé par les gendarmes, mais aussi le sous-préfet
de Florac
vont mener la négociation pour que le terrain soit
évacué.
Certains sont prêts à partir, d'autres non.
À 12 heures, les négociations aboutissent.
Jean-Michel Jumez a trouvé un terrain à La Tieule
qui est loué par la DDE,
où il décide d'installer la Rave le long de
l'autoroute A75.
Tous s'y sont retrouvés en début d'après-midi
et la fête a pu avoir lieu avec la caution de l'État.
Elle se terminera aujourd'hui.
Quand les teufers se sont installés
à La Tieule, on ne peut pas dire que,
le maire de cette commune, Jean-Marie Constant, ait été
le premier ravi.
« On ne m'a pas demandé si j'étais d'accord.
On m'a simplement dit, ils arrivent sur ce terrain. Point.
Je n'ai pas eu la possibilité de dire non ! »
Il faut dire que sur la commune de Saint-Étienne-du-Valdonnez,
aucune autre solution n'était envisageable
même si les teufers refusaient de quitter les lieux
sans garantie.
Finalement, c'est le terrain d'un particulier loué
par la DDE qui a servi de théâtre à la
rave.
Il est situé le long d'une route départementale,
mais aussi à proximité de l'autoroute A 75.
Une solution d'urgence qui, faute de mieux, satisfaisait le
plus grand monde, mais néanmoins inquiétait
sur le terrain.
« Nous espérons qu'aucun chien n'ira traverser
l'autoroute,
où qu'aucun d'eux n'aura l'idée de traverser
dans la nuit.
Nous sommes en plein week-end de départ
et nous ne sommes pas tranquilles de ce côté-là.
»
- au beau milieu des sonos, si quelques-uns
se plaignent d'avoir été parqués sur
une décharge,
tous remercient le secrétaire général
pour avoir tenu parole.
« Nous pensions une nouvelle fois être roulés
dans la farine.
Reconnaissons-le, explique Rolando du son Les Moelleux, il
nous a trouvé un endroit convenable.
Il a bien organisé tout ça, nous ne pouvons
que le remercier. »
- Jean-Michel Jumez, lui, réfute le
terme d'organisateur.
« Je n'ai rien organisé du tout.
J'ai réglé un problème, puis trouvé
un terrain pour que tous ne se retrouvent pas sur la route
et partent ailleurs.
Je ne pouvais agir autrement. »